Moment 1 : Découvrir, se questionner et proposer des hypothèses
CE QUE NOUS SAVONS À PROPOS DE LA QUESTION
Le moment de découverte permet d’énoncer un problème ou une question liée à une situation concrète issue idéalement de l’environnement immédiat des élèves. Le questionnement et la problématisation sont des plus importants. Plus vous prendrez le temps d’échanger avec vos élèves pour connaître leurs conceptions, leurs idées et ce qu’ils savent déjà sur la thématique, plus le questionnement ou la problématisation sera féconde.
Dans une classe à distance, il existe différentes modalités pour soulever une problématique qui mènera à un questionnement, puis à l’investigation. Lors d’une rencontre en visioconférence avec vos élèves, il serait intéressant de prévoir une situation déclenchante liée à une thématique de votre choix en leur présentant une courte vidéo ou un court article auquel vous demandez de réagir. Il peut également s’agir d’observations et de questionnements soulevés par les élèves qui vous permettront de bien cerner le sujet. Lire un extrait d’album jeunesse peut aussi être un très bon déclencheur.
Trois exemples d’activités à réaliser à distance
Les trois exemples d’initiation d’un questionnement à distance suivants pourront inspirer vos amorces futures.
Exemples d’activités d’initiation d’un questionnement à distance
L’observation en milieu naturel
Les détectives de la forêt : à la recherche d’indices de la présence d’animaux!
Il est souvent très difficile d’observer directement des animaux en milieu naturel. Par contre, ces derniers laissent des traces ou des indices de leur passage. Ces indices sont des éléments d’informations utiles pour l’identification des espèces d’animaux qui habitent un milieu naturel choisi. Proposez aux élèves de partir à la découverte de ces indices lors d’une sortie dans un milieu naturel (parc ou forêt).
Avant la sortie, en visioconférence ou sur un outil de coconstruction comme le Knowledge Forum, qui a été présenté dans le Module 3, posez cette question à vos élèves : Connais-tu des indices de la présence d’animaux? Peux-tu en nommer? Les réponses sont variées : trous dans le sol, traces de « griffes » sur les troncs d’arbres, traces de pattes au sol, nids dans les arbres, morceaux de nourriture laissés au sol. Vous pourrez en ajouter également.
Demandez à vos élèves de dessiner ou de prendre des photos des indices qu’ils observent durant leur visite. L’investigation qui suivra ces observations permettra d’identifier les espèces d’animaux de ce milieu à partir des indices observés.
La littérature jeunesse
La lecture d’une fable ou d’une œuvre de fiction documentaire est un contexte favorable à la problématisation. Par exemple, la lecture de la fable « La cigale et la fourmi » pourrait vous permettre de soulever les questions suivantes :
La fable « La cigale et la fourmi » de Lafontaine est-elle vraie?
Les insectes, comme la fourmi, doivent-ils récolter de la nourriture pour survivre à l’hiver?
Par la suite, discutez avec vos élèves des éléments du texte qui relèvent du réel et de ceux qui relèvent de la fiction. Vous pouvez faire un tableau en T pour faire une liste de ces éléments. Les élèves identifient des indices textuels ou visuels qui pourraient les aider dans leur recherche de la « vérité ».
Selon Lachance (2014), « [l]e but de cette activité de classement est d’amener l’élève à délimiter une réalité scientifique ou technologique, d’en prendre conscience, de la questionner et, éventuellement, de la mettre à l’épreuve dans le cadre d’une expérimentation ou d’une recherche documentaire » (p. 66). Il sera ainsi plus facile d’orienter la recherche et les étapes suivantes.
En suivant le lien ci-dessous, vous pouvez consulter la planification de l’activité « Que font les insectes en hiver? Télécharger le document PDF » d’où est tiré cet exemple et l’adapter pour votre classe à distance.
La rencontre avec un expert scientifique
Pour initier vos élèves à une problématique, vous pouvez inviter un scientifique à venir présenter son travail à votre groupe en visioconférence. En amont, choisissez et contactez un expert et discutez avec lui de son rôle dans la problématisation. Par exemple, des classes ont invité l’astronome Julie Bolduc-Duval pour qu’elle discute de l’Espace en tant que lieu physique : où commence l’Espace, la température, les caractéristiques de ce milieu de « vie ».
L’intention était d’initier une discussion sur les caractéristiques essentielles à la vie sur Terre et plus particulièrement les conditions environnementales optimales pour la vie humaine. L’organisme Parlons sciences Ouvrir dans une nouvelle fenêtre offre de l’accompagnement et de la formation pour vivre des projets avec vos élèves.
Le questionnement à distance en collaboration : quelques outils
Pourquoi ne pas placer les élèves dans des situations de coconstruction des connaissances? Les trois exemples suivants d’initiation d’un questionnement à distance de manière collaborative pourront faciliter vos amorces futures.
Selon votre niveau d’aisance, vous pourriez laisser vos élèves initier la discussion. Dans une classe à distance, un mur de questions numérique permet aux élèves d’indiquer ce qu’ils aimeraient savoir, quelles sont leurs questions scientifiques. L’outil Padlet facilite ce travail puisque vous n’avez qu’à partager le lien à vos élèves.
Mur de questions sur Padlet, classe de Geneviève Gonthier, enseignante au 3e cycle, CSS des Découvreurs
Vous pourriez également demander aux élèves de faire une vidéo dans laquelle ils présentent leurs questions liées à un contexte naturel ou technologique et de la partager sur une plateforme de communication asynchrone. Puis, vous regroupez les questions qui se ressemblent et en faites des thématiques pour planifier différentes investigations au cours de l’année.
Des enseignantes témoignent
L’initiation d’un questionnement à distance de manière collaborative
Dans le même sens, l’utilisation d’un outil de coconstruction à l’écrit en ligne, par exemple le Knowledge Forum, qui a été présenté dans le module 3, permet de créer un lieu d’échange avec vos élèves. Ils peuvent y inscrire leurs idées, leurs conceptions et surtout les confronter avec celles de tous les élèves de la classe à distance.
L’exemple ci-dessous démontre la formulation des conceptions premières d’élèves à propos de la question initiale :
Comment ou pourquoi les animaux survivent-ils jusqu’au printemps?
Un Padlet peut également être utilisé pour énoncer et regrouper les connaissances antérieures des élèves, comme dans l’exemple suivant :
L’avantage indéniable d’utiliser un outil de coconstruction à l’écrit est qu’il peut être nourri en tout temps, au moment où les élèves ont des idées. Cette façon de faire laisse la place à la créativité, une qualité essentielle au travail en science. Il permet de conserver des traces des idées communes de la classe. Vous ou vos élèves pouvez ajouter des vidéos, des textes à lire, suggérer des lieux à visiter (avec eux en synchrone ou à la maison en asynchrone) et même inviter des experts (scientifiques ou ingénieurs) à collaborer sur ce forum.
Votre rôle est de guider vos élèves, par exemple en leur demandant des précisions, en les encourageant à utiliser un vocabulaire approprié. Il s’agit surtout de semer le doute chez vos élèves. L’utilisation de formulations telles que : « Es-tu certain de ce que tu dis et pourquoi? » va en ce sens. Vous pouvez aussi demander à un scientifique de jouer ce rôle sur le forum d’écriture.
L’exemple d’enfilades suivant montre les interactions écrites entre des élèves et une scientifique autour de la question :
Qu’est-ce qui permet à un véhicule sans moteur de bien rouler?
Puisque la démarche est le fruit d’allers-retours entre le questionnement de départ, la réflexion, l’expérimentation et le bilan, l’outil de coconstruction à l’écrit sert de base pour le bilan, l’évaluation formative, le retour et des traces qui vous permettront de constater que vos élèves comprennent encore mieux la démarche.
Les forums d’écriture de type clavardage sont aussi des outils numériques pertinents. C’est un lieu d’échange plus informel qui permet aux élèves de collaborer et de partager leurs idées.
Vous trouverez plusieurs outils en lien avec l’écriture de type clavardage dans la Boîte à outils Accéder à la boîte à outils. de la formation.
Des enseignantes témoignent
L’utilisation du forum pour l’initiation d’un questionnement à distance de manière collaborative
L’importance de la formulation de l’hypothèse
Lorsque la problématisation est bien initiée et qu’une question émerge, il est temps de formuler des propositions d’explications temporaires ou des hypothèses. Il faut rappeler à vos élèves que toutes les hypothèses sont bonnes. Bien sûr, les hypothèses formulées sont intimement liées à la question et plus largement à toute la problématisation. La formulation d’une hypothèse est très importante. Elle traduit la pensée scientifique et plus précisément, elle propose une relation de cause à effet.
JE PENSE QUE… JE CROIS QUE… PARCE QUE…
Pour ce faire, en classe à distance, demandez à vos élèves d’écrire leurs hypothèses dans le cahier de science (asynchrone). Puis, lors d’une rencontre en visioconférence (synchrone) ou à l’aide d’outils de coconstruction à l’écrit (asynchrone), laissez vos élèves présenter leurs hypothèses. Ce partage est essentiel : c’est le moment où vous pourrez les amener à préciser et à bonifier leurs hypothèses. Plus particulièrement, vous pourrez mettre en évidence la relation de cause à effet présentée précédemment.
C’est souvent la partie « parce que » qui est à préciser avec vos élèves. Cette justification doit être bien énoncée. Par exemple, si un élève propose l’hypothèse suivante: « Je pense que c’est un nid de mésange parce que je sais à quoi ça ressemble, j’en ai déjà vu », vous pouvez le guider vers une formulation plus précise à l’écrit (outil de coconstruction) ou à l’oral (en visioconférence): « Veux-tu dire que tu penses que c’est un nid de mésange parce que c’est un petit nid et que la mésange est petite? »
Une fois les hypothèses des élèves formulées, le Moment 2 : Chercher peut être amorcé.
