Comprendre la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia
Mes élèves oublient rapidement ce que je leur enseigne. À distance, comment favoriser les apprentissages et la rétention des informations?
Certaines façons de présenter le contenu sont-elles plus efficaces que d’autres?
Les chercheurs en sciences cognitives ont cerné les éléments clés du processus d’apprentissage, dont voici les principaux à prendre en considération pour le design multimédia :
- La mémoire humaine possède deux canaux principaux pour traiter l’information : un canal visuel et un canal auditif.
- La mémoire humaine a une capacité limitée de traitement de l’information.
- L’apprentissage est un processus actif de traitement de l’information dans la mémoire.
- Les connaissances et les habiletés nouvellement acquises doivent être récupérées en mémoire à long terme pour être transférées et réutilisées dans la réalisation de tâches nouvelles.
La mémoire de travail constitue le centre névralgique de la cognition, puisque tout le processus de raisonnement conscient s’y effectue. Cependant, quoiqu’elle représente un processeur puissant, cette mémoire doit composer avec une capacité de rétention limitée. D’où l’expression « sept plus ou moins deux éléments d’information », correspondant à la limite des éléments qui peuvent être maintenus simultanément dans la mémoire de travail.
Apprendre implique d’établir des liens entre les connaissances nouvelles et les connaissances antérieures emmagasinées dans la mémoire à long terme, ce qui constitue la base du processus de compréhension. Les nouvelles informations sont d’abord perçues par les sens, puis, selon l’attention qui leur est accordée, sont relayées dans la mémoire sensorielle. De là, elles passent ensuite dans la mémoire à court terme (mémoire de travail) et, si elles sont traitées activement, dans la mémoire à long terme. Cette opération se nomme l’encodage.
L’encodage requiert un traitement actif de l’information dans la mémoire de travail, ce qui favorise la compréhension. Le stockage, soit la rétention de l’information en mémoire à long terme, dépend du degré de compréhension.
L’étiquette « court terme » fait référence à la durée pendant laquelle une personne retient des informations, habituellement de 5 à 20 secondes, avant de les oublier ou de les transférer dans la mémoire à long terme. Quant au terme « mémoire de travail », il se rapporte au nombre d’unités d’information avec lequel le cerveau humain peut travailler simultanément, qui est de sept pour l’adulte moyen, avec un écart de plus ou moins deux. La mémoire à court terme ou mémoire de travail comporte ainsi deux limites importantes : d’une part, la durée de disponibilité de l’information et, d’autre part, le nombre d’unités d’information qu’elle peut contenir (Gauthier, Bissonnette et Richard, 2013).
Finalement, une fois stockées dans la mémoire à long terme, les connaissances et les habiletés doivent faire l’objet d’un rappel, ce qui les ramènera dans la mémoire de travail pour être réutilisées; c’est le processus de transfert des apprentissages. Le transfert est tributaire du degré de compréhension initiale, dans la phase d’encodage, mais également de la force des liens établis avec les connaissances antérieures au moment du stockage (Richard, Bissonnette et Gauthier, 2005; Richard et Bissonnette, 2012).
Richard Mayer, professeur émérite à l’Université de Californie, à Santa Barbara, a repris ces éléments essentiels issus des sciences cognitives, et les a adaptés dans le cadre de sa théorie de l’apprentissage multimédia. Sa théorie, qu’il a validée à travers des recherches expérimentales, lui a permis de reconnaître des principes pour favoriser l’apprentissage dans un contexte d’enseignement à distance.
Voici comment organiser le contenu de votre matériel multimédia en fonction des principes de base de l’apprentissage multimédia selon Clark et Mayer (2016).
Comment organiser le contenu de votre matériel multimédia
Il est donc suggéré de se baser sur la théorie cognitive de l’apprentissage multimédia du professeur Mayer pour faire les bons choix quant aux outils et, surtout, quant à l’utilisation que l’on en fait. Nous vous invitons maintenant à approfondir vos réflexions dans votre journal de bord Télécharger le document Word.
Conseils pratiques
Dans la capsule suivante, Marie-Lou Blouin, une enseignante de français de 4e secondaire, décrit l’utilisation qu’elle fait de Screencast-O-Matic. Cette application lui permet de faire une vidéo de son écran en guise de support visuel qui facilite la compréhension des élèves.
Sauriez-vous repérer ce qui nuit à l’efficacité du support visuel dans cette capsule vidéo?
En résumé, pour favoriser l’apprentissage :
- supprimez toutes les informations non essentielles;
- ne surchargez pas le canal visuel (utilisez un maximum de deux ou trois couleurs, évitez les images purement décoratives);
- mettez les mots-clés en évidence;
- approchez l’image du texte auquel elle renvoie.