Soutenir sur le plan motivationnel
« Cet étudiant a l’air blasé… Que puis-je faire? »
On a longtemps considéré que la motivation relevait uniquement de l’étudiant et que l’enseignant ne pouvait donc rien y faire; ou au contraire que les seuls responsables de la motivation des étudiants étaient les enseignants, voire l’école.
On sait désormais que la réponse est plus complexe. Elle se situe davantage dans la rencontre de facteurs internes à l’étudiant (personnalité, milieu socioculturel, trajectoire scolaire, etc.) et d’autres, propres à la situation ou au contexte d’apprentissage (difficulté de la tâche, autonomie ou collaboration demandée, etc.).
Il est question de motivation intrinsèque lorsqu’une personne est motivée par la pratique d’une activité comme fin en soi, qu’elle la réalise pour le seul plaisir et la satisfaction qu’elle suscite. Alors qu’on parle de motivation extrinsèque lorsque la personne est motivée par le besoin ou le désir d’atteindre un but particulier, qu’il s’agisse de l’obtention d’une récompense, d’un bénéfice attendu pour sa vie personnelle ou sa carrière, ou de l’évitement d’une punition.
On connaît bien l’effet des notes et des diplômes sur la motivation extrinsèque. Ainsi, il est toujours possible de rappeler l’importance d’un cours dans le parcours des étudiants. Ceux-ci savent généralement se motiver à travailler lorsqu’ils ont un examen qui comptera pour beaucoup dans leur réussite. Nous n’allons donc pas insister sur cet aspect, mais plutôt nous arrêter sur le bénéfice attendu de la motivation extrinsèque et sur différentes stimulations possibles de la motivation intrinsèque.
Lorsqu’un étudiant suit un cours obligatoire, peut-être n’est-il pas intéressé d’emblée par celui-ci. Il convient alors de chercher à stimuler sa motivation. Cela peut se faire en partageant son propre intérêt pour ce cours et en le mettant en lien avec les autres cours du programme, les préoccupations ou centres d’intérêt des étudiants.
Lorsqu’un étudiant choisit de s’inscrire à un cours, il est intéressé par la matière et les objectifs. Cependant, sa motivation initiale peut se dissiper avec le temps. Il convient donc de chercher à la faire perdurer.
Pour ce faire, il est utile de sonder les étudiants sur leurs objectifs personnels au début de la formation pour pouvoir les mettre en lien avec le cours lorsque c’est possible ou les rappeler à un étudiant lorsqu’il se décourage. On peut sonder les étudiants lors d’une communication interpersonnelle en début de cours. Cet échange permettra d’aller assez loin dans la compréhension de l’étudiant. Cependant, il peut être difficile à réaliser lorsque le groupe compte de nombreux étudiants.
Dans le cadre d’un groupe, il est possible de faire ressortir les motivations lors d’une activité brise-glace dans laquelle les étudiants se présentent (pour initier la démarche, l’enseignant, chargé de cours ou tuteur peut lui-même se présenter et faire part de ses objectifs). Il est aussi possible de demander aux étudiants de se positionner et de préciser leurs objectifs en commençant avec un questionnaire qui aborde les objectifs ou les motivations les plus courantes. Les données collectées dans ce questionnaire pourraient même faire l’objet d’une présentation des résultats. Par exemple : 60 % d’entre vous ont indiqué suivre ce cours pour…
La motivation peut aussi être stimulée dans le cadre des activités d’apprentissage. Il convient, dans la mesure du possible, de proposer des activités d’apprentissage qui impliquent les étudiants et qui ont du sens pour eux. On peut notamment penser à des activités de mises en situation dans le cadre professionnel visé, des problèmes d’actualité ou des éléments culturels (arts, sports, technologies, etc.) importants dans la vie des étudiants visés.
Il peut également être judicieux de centrer l’activité d’un étudiant qu’on accompagne dans le développement de son autonomie en l’aidant à trouver le chemin le plus approprié pour résoudre les problèmes auxquels il est confronté sans faire ce travail à sa place.
Il s’agit ainsi de faire en sorte, autant que possible, que l’étudiant éprouve de l’intérêt, du plaisir ou de la satisfaction dans ses apprentissages, ce qui vient souvent avec des activités représentant un certain défi tout en restant faisables. Pour mieux connaître ces activités sources de satisfaction, il est toujours possible de demander aux étudiants quelles situations d’apprentissage ils ont appréciées dans le passé.
Enfin, si une activité qui présente un défi est stimulante et source de satisfaction une fois réalisée, elle peut aussi être source d’inquiétude ou de stress. Il est alors tout indiqué de faire preuve d’empathie : on peut préciser que l’on voit bien les difficultés à surmonter. Il faut aussi manifester son soutien en encourageant l’étudiant à persévérer. Au terme de ce parcours, la satisfaction de l’étudiant et sa motivation à poursuivre vers d’autres activités seront d’autant plus grandes que l’on aura valorisé son travail en le félicitant ou en mettant en avant les forces du travail réalisé et non seulement les faiblesses…
En bref, s’il n’est pas possible de contraindre un étudiant à être motivé, il est possible de l’aider en ce sens de plusieurs manières.
Conseils pratiques
Dans la capsule ci-dessous, le professeur Serge Gérin-Lajoie fournit des conseils sur le soutien motivationnel.
Témoignages
Dans les témoignages ci-dessous, vous verrez que la diversité des situations d’apprentissage et d’évaluation peut servir à stimuler la motivation des étudiants.