Correcteur
17. Qui corrige l’activité d’évaluation?
La première réponse qui vient spontanément à cette question est l’enseignant. Or, les possibilités sont plus vastes. En voici quelques-unes :
- enseignant,
- étudiant,
- pairs,
- jury,
- superviseur ou employeur,
- correction automatisée.
Les modèles pédagogiques actuels préconisent un rôle plus actif des étudiants dans leurs apprentissages et, par le fait même, dans les activités d’évaluation qu’ils réalisent. Ainsi, il peut être envisagé de leur demander de s’autoévaluer et même d’évaluer leurs pairs.
Est-ce risqué que les étudiants s’accordent des résultats plus élevés qu’ils ne le devraient? Des recherches sur le sujet montrent que ce n’est pas le cas et que les résultats qu’ils s'accordent sont similaires et corrélés avec ceux de leur enseignant. Toutefois, cela nécessite que les cibles d’apprentissage soient bien définies et que les outils servant à s’évaluer ou à évaluer les pairs (corrigés, solutionnaires et grilles d’évaluation) soient clairs et de grande qualité.
Par ailleurs, l’autoévaluation et l’évaluation par les pairs peuvent servir à évaluer la production d’un étudiant dans une activité d’évaluation, mais aussi la contribution individuelle qu’a fournie un étudiant dans le cadre d’un travail d’équipe. Ainsi, à partir d’une grille d’évaluation axée sur la réalisation du travail collaboratif, un étudiant pourrait évaluer s’il a bien collaboré, et évaluer ses équipiers. Ultimement, les résultats de cette forme d’évaluation pourraient moduler, pour chacun des étudiants, le résultat final obtenu au travail fait en équipe.
Le développement des environnements numériques d’apprentissage (ENA) et les outils d’évaluation en ligne ont fait en sorte qu’il est beaucoup plus simple pour les enseignants de mettre en place ces formes de correction par les étudiants : les questions d’anonymat des correcteurs peuvent être résolues, la compilation des résultats peut être prise en charge et la conservation des traces des évaluateurs peut être facilitée.
Le recours à des correcteurs externes, comme un jury, un superviseur ou un employeur peut s’avérer une avenue intéressante, notamment en formation à distance. Évidemment, le développement de grilles d’évaluation adéquates et adaptées est nécessaire.
En formation à distance, la correction automatisée est courante, principalement dans les outils de questionnaire (quiz). Dans ces outils, certains types de questions peuvent être corrigés sans l’intervention de l’enseignant, alors que d’autres nécessitent une intervention par un correcteur.
Le choix du correcteur dans une activité d’évaluation n’est pas nécessairement exclusif. Il est en effet possible de combiner différents types de correcteur et ainsi, d’enrichir la qualité de la correction et de la rétroaction qui l’accompagne. Par exemple, dans le cadre d’une activité d’évaluation formative, un pourcentage (p. ex. 40 %) de la note pourrait faire l’objet d’une autoévaluation par l’étudiant. À ce pourcentage pourrait s’ajouter la correction par les pairs (p. ex. 20 %) et celle faite par l’enseignant (p. ex. 40 %). Les environnements numériques d’apprentissage peuvent alors servir à recueillir les corrections, à procéder aux calculs et à partager le résultat ainsi que les rétroactions à chacun des étudiants évalués.
Dans le même sens, il est possible de planifier les différents types de correction selon un processus d’alternance. Par exemple, dans des projets complexes ou des activités d’évaluation qui s’échelonnent sur plusieurs semaines, des évaluations intérimaires pourraient donner lieu à des moments d’autoévaluation, d’évaluation par les pairs et des évaluations par l’enseignant.
La correction et ses biais
Dans le meilleur des mondes, la correction devrait aboutir à un portrait sans faille des connaissances et des compétences des étudiants. Malheureusement, il n’en est pas toujours ainsi!
Voici quelques-uns des biais qui guettent le correcteur au moment où il porte un jugement sur les productions des étudiants :
- la position de la production dans la « pile » (une copie moyenne corrigée après une copie médiocre pourrait se voir attribuer une meilleure note qu’en temps normal) ;
- son état de fatigue, qui pourrait lui faire perdre sa concentration et le rendre plus permissif;
- la réputation acquise par l’étudiant (p. ex. un excellent étudiant), qui pourrait influencer sa note quelle que soit la qualité de sa production, etc.
Aussi nombreux soient ces biais, il faut les avoir à l’esprit au moment de corriger les productions des étudiants pour essayer de les réduire au maximum.
Voici des témoignages sur la qualité du jugement en contexte d’évaluation des apprentissages.
Comment vous assurez-vous de la qualité du jugement que vous portez sur les apprentissages de vos étudiants?