Contrer le plagiat et la tricherie
Pour assurer une meilleure crédibilité des cours à distance ou pour assurer l’équité entre les élèves, il faut analyser chaque évaluation sommative en tenant compte de trois axes : la prévention, la détection et la sanction auprès des élèves fautifs.
1er axe : Prévenir
Comme il est question dans le microprogramme Accompagner, la clé d’une bonne gestion des comportements fautifs réside dans la prévention. Tout d’abord, il faut enseigner aux élèves comment citer adéquatement un autre auteur ou comment respecter les droits d’auteur. Il ne faut surtout pas tenir pour acquis que les élèves du secondaire connaissent l’éthique reliée à la propriété intellectuelle. Comme ils sont en apprentissage, il faut que les enseignants leur expliquent comment utiliser des ressources disponibles sur le Web sans toutefois les plagier.
Pour ce qui est de la tricherie, la clé est dans la conception même de l’évaluation sommative. Voyez ce que Guylaine Hébert en pense.
L’adaptation des activités d’évaluation représente aussi une approche à privilégier pour prévenir la tricherie. Voici différentes façons d’adapter les évaluations et le matériel didactique dans un cours.
- Exiger la rédaction d’une partie des travaux en lien avec des exemples, des intérêts ou des éléments personnels.
- Exiger la rédaction de travaux à partir d’une liste de références imposées.
- Changer la liste de références imposées pour les travaux chaque année.
- Varier les questions d’évaluation d’une année à l’autre s’il y a lieu.
- Poser des questions qui sollicitent le jugement, l’analyse, la synthèse ou l’application plutôt que des faits.
- Proposer de travailler avec des banques d’images et de vidéos libres de droits.
- En cours de réalisation, demander de remettre un plan de travail, un plan de rédaction, une liste de références, une grille d’analyse, etc.
- Proposer des activités d’évaluation en continu plutôt qu’à des moments importants pouvant être anxiogènes.
- Augmenter le nombre d’examens pour en faire plus de moindre importance.
- Proposer des activités d’évaluation alignées sur les cibles d’apprentissage afin de réduire le stress et l’anxiété face aux évaluations.
- En cours de réalisation, organiser des rencontres en petits groupes pour que les élèves présentent ce qu’ils sont en train de faire.
- Lorsque possible, éviter de donner des délais serrés aux élèves pour réaliser les travaux d’envergure.
- Compléter un travail écrit par une présentation orale.
- Proposer des sujets de travaux diversifiés ou sollicitant la créativité.
- Changer les sujets des travaux d’une année à l’autre.
- Utiliser des sujets d’actualité.
- Proposer des activités d’évaluation qui tiennent compte du fait qu’Internet existe et peut être utilisé.
- Varier les types d’évaluation.
- Demander aux élèves d’évaluer la qualité et la valeur des sources recensées sur Internet.
- Prévoir des examens de synthèse demandant une compréhension plus large d’un sujet.
- Indiquer clairement ce qui est permis et ce qui ne l’est pas lors de l’activité d’évaluation (téléphone intelligent, montre, tablette, dictionnaire, livre, etc.).
- Proposer des activités d’évaluation formatives ou préparatoires aux examens pour diminuer le niveau de stress des élèves.
- Utiliser les fonctionnalités d’affichage aléatoire des questions.
- Utiliser les fonctionnalités de sélection aléatoire des questions dans une banque de questions.
- Utiliser les fonctionnalités pour faire afficher les réponses possibles de manière aléatoire.
- Rendre disponibles les questionnaires à un moment précis et pendant une période de temps limitée.
- Utiliser des procédures d’authentification de l’identité des élèves (informations personnelles, géolocalisation, etc.).
- Utiliser des logiciels bloquant l’accès à Internet ou à d’autres applications pendant la passation des questionnaires.
2e axe : Détecter
Le deuxième axe à exploiter pour contrer la tricherie consiste à détecter et à repérer les mauvais comportements associés à la malhonnêteté scolaire. De nos jours, les nouvelles circulent rapidement. Si un élève se fait prendre en train de tricher pendant une évaluation, la nouvelle se répandra comme une traînée de poudre chez tous ses pairs.
Au contraire, si plusieurs trichent sans se faire prendre ou sans subir de sanction, les mauvais comportements seront banalisés par plusieurs élèves et le problème prendra de l’ampleur.
Pour les enseignants, différents indices peuvent susciter des doutes sur la possibilité qu’une partie ou que la totalité d’un travail ait été plagiée :
- Les propos dans le texte ne traitent pas directement du sujet du travail demandé.
- Les propos dans le texte sont trop précis, pointus et avancés pour la nature du travail demandé ou pour les connaissances actuelles de l’élève.
- Le travail est étrangement similaire à ceux remis par d’autres élèves.
- Le niveau de langage du texte diffère de celui des autres travaux remis par l’élève.
- Le style d’écriture ou le niveau de langage varient dans le texte.
- La structure du texte n’est pas logique et semble être un amalgame d’idées, de fragments sans présentation logique.
- La police d’écriture ou sa taille changent dans le texte.
- Le texte contient des hyperliens non pertinents ou non fonctionnels.
Pour mieux détecter les tricheries, il est important d’avoir évalué à plusieurs reprises l’élève pendant son cheminement. Même si les évaluations précédentes étaient formatives et servaient d’outils d’apprentissage, elles permettaient aussi à l’enseignant de mieux connaître les élèves qui lui sont confiés. Ainsi, par exemple, si un jeune qui est incapable de s’exprimer correctement en anglais lors d’entrevues avec son enseignant rédige un texte parfait à l’évaluation finale, l’enseignant peut légitimement soupçonner l’élève de tricherie.
Voyez ce que Guylaine Hébert en pense.
Une fois les soupçons éveillés, l’enseignant peut utiliser différentes méthodes pour détecter s’il est en présence d’un cas de tricherie. Par exemple :
- Rechercher les extraits « suspects » dans un moteur de recherche.
- Vérifier les propriétés des documents remis afin de voir les informations à propos des dates de création, des révisions et des modifications, qui peuvent être révélatrices.
- Solliciter d’autres enseignants dans des cours apparentés pour vérifier les travaux suspects.
Pour certains établissements et enseignants, l’utilisation de logiciels ou de plateformes pour surveiller les élèves qui réalisent des évaluations à distance semble être un moyen de prévenir et de détecter les cas de malhonnêteté scolaire. Généralement, l’utilisation de ces plateformes et logiciels est basée sur l’emploi de caméras et de micros avec lesquels l’enseignant ou un surveillant peut vérifier que les élèves ne consultent pas de documents, d’ordinateurs, de tablettes, de téléphones intelligents, etc. Elle vérifie aussi que les élèves ne sollicitent pas l’aide d’une autre personne pour réaliser leurs évaluations sommatives. De la même manière, une caméra peut être utilisée pour observer des élèves qui écrivent un texte ou qui font des calculs à la main sur une feuille de papier. On remarque que le fait d’être surveillé et filmé est assez dissuasif pour plusieurs tricheurs.
L’utilisation de ces plateformes peut sembler intéressante, mais elle comporte aussi des inconvénients. Tout d’abord, la tâche de l’enseignant devient plus lourde lors de l’évaluation puisqu’il se trouve à gérer le logiciel de surveillance et à offrir du soutien technique pour l’outil utilisé lors de l’évaluation. Ensuite, un autre inconvénient est que ces plateformes impliquent bien souvent des coûts d’utilisation par élève non négligeables.
L’adaptation des activités d’évaluation constitue une solution encore plus intéressante et efficace que la surveillance par caméra.
3e axe : Sanctionner
Malgré toute la prévention que vous pourrez faire, il se peut que vous détectiez un cas de tricherie parmi vos élèves. Il faut alors sanctionner l’élève fautif. La nature des sanctions peut être variable : avertissement, reprise des travaux, reprise d’un examen en présentiel ou en entrevue, etc. Il faut également être cohérent avec les règles de l’établissement scolaire.
Toute cette démarche intégrée axée sur la prévention, la détection et la sanction pour contrer la malhonnêteté scolaire a des limites. Premièrement, elle est fondée sur le fait que les enseignants doivent détecter et rapporter les comportements fautifs pour que des sanctions soient appliquées. Or, selon la longueur des procédures exigées par les établissements, le niveau de tolérance de l’enseignant et sa charge de travail, l’efficacité des actions pour contrer le plagiat et la tricherie peut être variable. Deuxièmement, les études sur le sujet montrent que les sanctions n’ont pas nécessairement d’effets dissuasifs sur les élèves qui sont les plus enclins à adopter des comportements fautifs.
Voyez ce que Guylaine Hébert en pense.