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Cibler les principaux défis pouvant survenir

Que ce soit en synchrone ou en asynchrone, chaque mode de communication apporte son lot de défis. Écoutez Édith, qui nous parle des principales difficultés rencontrées par les enseignants selon le mode de formation à distance.

Édith Jolicoeur, conseillère en pédagogie et technopédagogie [3 min 29 s]

Conseils pratiques

1. En synchrone

Le schéma interactif suivant vous présente quelques règles à garder en tête pour relever les défis d’une rencontre en visioconférence.

Pour qu’une rencontre en visioconférence soit efficace, il faut…

Avoir préparé tout son matériel avant le début de la rencontre.

Quelques exemples :

  • Planifier les activités qui se dérouleront lors de la rencontre.
  • Télécharger les fichiers qui seront utilisés.
  • Avant la rencontre, tester l’affichage des documents afin d’anticiper les erreurs et difficultés qui pourraient survenir au cours de la rencontre!
  • Prévoir les difficultés techniques inopportunes en ayant un plan B et C!

Saviez-vous que selon une étude de la REFAD (Prayal et Gignac, 2008), pour 48 % des enseignants qui débutent, les difficultés éprouvées sont d’ordre technique : problèmes de son, d’images et de courriel! Ces difficultés peuvent être réglées tout simplement par une bonne planification!

Expliciter les attentes à chacune des étapes.

Selon l’étude de la REFAD (Prayal et Gignac, 2008), 30 % des difficultés rencontrées par les enseignants novices en visioconférence sont liées à la pédagogie, notamment à la communication des attentes! Exprimez-vous clairement et détaillez le plus possible vos attentes, comme vous le feriez en classe.

Utiliser un support visuel préalablement complété afin de garder un bon rythme (rencontre courte, mais efficace).

Par exemple, un plan de travail ou une synthèse, des photos, des affiches, des schémas, des tableaux, des animations, etc.

Conseil : Un support efficace doit contenir les informations essentielles et soutenir votre présentation.

Interagir régulièrement avec les participants en leur donnant le droit de parole à tour de rôle ou en leur demandant de répondre dans le clavardage.

Certains sondages en ligne peuvent dynamiser la rencontre et vous informer sur la compréhension des élèves.

Réagir promptement si un élève ne respecte pas les règles annoncées.

Répéter la règle et inviter l'élève à la suivre, par exemple : « Si tu veux prendre la parole, tu dois en faire la demande dans le clavardage, Xavier. Essaie-le pour voir »; « Bravo! Dès que j’aurai terminé mon intervention, tu pourras prendre la parole. »

Par ailleurs, nous vous recommandons fortement de prioriser les pratiques d’enseignement basées sur les données probantes. Adaptez vos pratiques efficaces en classe pour continuer à les utiliser en ligne. Pour connaître les pratiques efficaces éprouvées dans le passé, cliquez sur les différents éléments du menu déroulant suivant :

Il s’agit de rappeler les comportements attendus pour l’activité.

Prévoyez ces routines pour chaque activité d’apprentissage. Informez-en les élèves durant la période d’enseignement en ligne.

Utilisez un logiciel de sondage ou d’autres outils pour accroître les occasions de répondre (d’interagir) pour les élèves.

Dans la boîte à outils, plusieurs ressources vous sont proposées. N’hésitez pas à les consulter!

Pour être efficace, cette pratique doit être faite tant verbalement que dans la fonction de clavardage (voir si votre logiciel vous permet d’ajouter des autocollants ou des émojis à vos renforcements).

Mettre les élèves en attente ou les envoyer hors de la salle virtuelle peut être une option avec votre logiciel. Cependant, si vous excluez un élève, tout comme dans la vraie vie, il peut ne pas revenir quand vous le voulez. Envisagez des solutions de rechange à l’exclusion. Corrigez le comportement en envoyant un message privé à l’élève. Reconnaissez et renforcez les comportements positifs des élèves qui sont sur la bonne voie publiquement. Ensuite, soyez prêt à féliciter l’élève fautif une fois qu’il aura montré le comportement attendu.

Certains élèves peuvent ne pas avoir accès à des appareils ou à des connexions Internet haute vitesse. Certains élèves ont des mesures adaptatives ou d’autres mesures de soutien afin de participer efficacement à un environnement en ligne (p. ex., les élèves qui ont des mesures d’adaptation pour la lecture peuvent avoir de la difficulté avec la boîte de clavardage). Également, certains élèves peuvent être moins susceptibles de se joindre à la rencontre à partir d’un espace libre de distraction (ou être gênés par leur arrière-plan vidéo). Examinez les ressources de la commission scolaire qui pourraient aider à accroître l’accès pour certains élèves.

Comme vous le feriez dans votre salle de classe, ayez un plan pour différencier le soutien scolaire et comportemental nécessaire aux élèves ayant des besoins, des capacités et une expérience technologiques différents tout en respectant leur vie privée.

Bien que l’enseignement à distance permette un plus grand partage des données mesurant les progrès de leur enfant, il peut être plus difficile de remarquer des changements dans l’engagement, la motivation et les émotions des élèves sans interaction face à face. Les aidants naturels peuvent aider à fournir de l’information sur la qualité de vie de chaque élève, qui peut ne pas être visible dans les interactions en ligne. Il est également important de trouver des façons de fournir de la rétroaction et de reconnaître les progrès des élèves par d’autres moyens que la plateforme informatique et le système d’information usuel de l’élève, afin que les familles soient informées et soutenues.

Les élèves peuvent avoir besoin d’une dose supplémentaire de gentillesse. Il est important de reconnaître que la vie des élèves peut être considérablement perturbée, sans compter la confusion liée à la nécessité de suivre les attentes de l’école à la maison. Il est important de maintenir des attentes cohérentes et élevées, mais il est essentiel de garder à l’esprit ce qui suit :

  • Il pourrait y avoir certains comportements indésirables (ex. : des grimaces sur vidéo) pendant que les élèves s’adaptent à l’apprentissage à distance.
  • Certains élèves, plus que d’autres, sont exposés à des risques plus élevés et à des habiletés d’adaptation déficientes au sein de leur milieu familial.
  • Il faut être gentil envers vous-même. Vous apprenez aussi de nouvelles compétences!
Rappel!

Bien que la mise en place de l’enseignement à distance puisse être déstabilisante, il est tout de même réconfortant de savoir que les pratiques utilisées dans les salles de classe peuvent être utilisées et adaptées pour créer un environnement d’apprentissage virtuel sécuritaire, ordonné, prévisible et positif.

Modèles à télécharger

Voici des exemples de règles pouvant être mises en place afin de relever les défis associés à l’utilisation de la visioconférence à la maison. Pourquoi ne pas s’inspirer de ce que d’autres ont fait avant vous? Cliquez sur les liens ci-dessous pour découvrir des exemples de nétiquettes pouvant être explicitées aux étudiants dès le départ.

À l’action!

  1. Faites une liste de vos routines d’enseignement en classe. Proposez un tableau.
  2. Quelles sont celles que vous pouvez transposer en ligne? Cochez celles pour lesquelles c’est possible.
  3. Comment arriverez-vous à transposer ces routines en ligne? Proposez des stratégies de transfert et appliquez-les.
  4. Comment pouvez-vous vous y prendre pour enseigner explicitement ces comportements à vos élèves? Reprenez les démarches d’enseignement explicite pour enseigner les différentes étapes d’une routine de gestion de classe ou partez de témoignages.

N’oubliez pas, vous pouvez noter vos réponses dans le journal de bord Télécharger le document Word prévu à cet effet!

2. En asynchrone

J’ai un élève qui ne remet pas les travaux demandés et qui ne répond pas à mes courriels. Que faire?

De mon côté, j’ai un élève qui ne suit pas la routine que j’ai instaurée. Il fait les activités fournies dans le désordre, ce qui complexifie mon suivi. Que me suggérez-vous?

Dans l’un de mes groupes, un élève affirme qu’il a réalisé le travail demandé, mais l’enseignant est convaincu qu’il ment. J’ai appelé les parents de l’élève, mais ceux-ci ne peuvent pas vraiment apporter d’aide, car ils doivent travailler de longues heures et laisser l'élève seul à la maison. Que feriez-vous à ma place?

Je crois que la communication asynchrone ne demande aucune gestion de classe comparativement à la communication synchrone. Qu’en pensez‑vous?

Comme nous l’avons déjà mentionné, avant de commencer une formation, il faut prévoir l’imprévisible! De plus, il est faux que la communication en asynchrone soit plus facile à gérer que la communication en synchrone. En effet, vous n’aurez peut-être pas à gérer des comportements de groupe ou des comportements individuels en direct, mais vous aurez à gérer des élèves qui expérimentent un processus d’apprentissage nouveau pour eux et parfois difficile. Il faut expliquer aux élèves les méthodes de travail les plus efficaces selon la plateforme choisie et les façons de compléter et de remettre leurs travaux selon les exigences attendues. Ils doivent aussi apprendre à respecter votre échéancier.

Il faut garder en tête qu’il est possible pour un élève de ne pas répondre aux attentes, de ne pas faire sa partie d’un travail d’équipe, de tenter d’être malhonnête quant au réel travail réalisé. Le suivi (à l’aide des outils qui le permettent) et la rétroaction rapide sont donc encore plus importants lorsque des communications asynchrones avec vos élèves sont réalisées.

À l’action!

Réajustez vos règles et la routine que vous avez préalablement établie afin de prévenir les comportements inadéquats.

Rappelez-vous les propos de Steve Bissonnette dans la vidéo de présentation du module, c’est-à-dire :

  1. Effectuer des interventions préventives…
    • en établissant une relation positive;
    • en enseignant explicitement les comportements attendus et les routines à instaurer.
  2. Effectuer des interventions correctives (au besoin, ponctuellement, en collaboration avec les intervenants de l’école).

Que faire avec les élèves ayant des difficultés particulières?

Recourir au modèle de réponse à l’intervention (RAI)

La RAI est un modèle d’intervention et d’organisation de services, issu de la recherche en éducation réalisée aux États-Unis, qui peut être utilisé à titre préventif et pour intervenir efficacement auprès des élèves en difficulté. Plusieurs provinces canadiennes utilisent ce modèle, et le Québec l’utilise de plus en plus, tant sur le plan de l’apprentissage que sur le plan comportemental. Il importe ainsi de situer les interventions de l’enseignant dans le contexte d’un tel modèle. « Ce modèle est conçu pour identifier ponctuellement les élèves qui ne font pas les progrès attendus consécutivement à un enseignement de qualité et pour leur fournir des interventions d’appoint adaptées à leurs besoins avant que des problèmes légers deviennent de graves problèmes » (Desrochers, DesGagné et Biron, 2012, p. 42).

Nous présentons le modèle RAI utilisé sur le plan comportemental, mais nous tenons à rappeler qu’il est également possible de l’utiliser sur le plan des apprentissages. L’approche RAI est un modèle d’intervention à trois niveaux, qui permet la planification d’interventions préventives empiriquement validées, dont l’intensité est graduellement augmentée.

Schéma. Un modèle d’intervention à trois niveaux
Modèle d'intervention à 3 niveaux - Réponse à l'intervention (RAI)

Le premier niveau d’intervention correspond à la réalisation d’interventions efficaces, issues de la recherche en éducation, visant la prévention des difficultés comportementales et s’adressant à tous les élèves. La mise en place de différentes composantes d’une gestion efficace de la classe correspond essentiellement aux interventions efficaces de niveau 1. Ainsi, les deux interventions préventives présentées précédemment et les différentes stratégies qui s’y rattachent correspondent à ce premier niveau d’intervention.

Quoiqu’elles soient essentielles, ces interventions peuvent s’avérer insuffisantes pour répondre adéquatement aux besoins de certains élèves, qui nécessitent des interventions particulières de second niveau.

Ainsi, certains élèves éprouvent des difficultés comportementales et ont besoin d’une aide supplémentaire. En effet, pour repérer adéquatement les élèves qui nécessitent des interventions supplémentaires et ciblées, il importe de bien documenter les difficultés de ces derniers (la fréquence, l’intensité, la gravité, les lieux, etc.) ainsi que les interventions infructueuses tentées au niveau 1. Selon les problématiques observées, ces élèves pourraient être regroupés afin de bénéficier d’interventions plus spécifiques et ciblées sur le plan comportemental, comme les suivantes :

  • le réenseignement des comportements attendus;
  • des occasions supplémentaires de pratiquer les comportements désirés;
  • des renforcements positifs nombreux à la suite des comportements désirés;
  • l’enseignement d’habiletés sociales réalisé en collaboration avec un technicien en éducation spécialisé (TES);
  • la gestion du stress et de la colère réalisée en collaboration avec un TES;
  • etc.

Environ 15 % des élèves nécessitent une intervention de niveau 2. Ces élèves progressent de façon satisfaisante lorsqu’ils bénéficient d’une intervention efficace à ce niveau, en plus de l’intervention de niveau 1. Environ 5 % des élèves nécessitent une intervention de niveau 3.

Au niveau 3, l’intervention est la plus lourde qui soit offerte en milieu scolaire. Elle porte précisément sur les besoins des élèves dont les difficultés persistent malgré une intervention efficace aux deux premiers niveaux d’intervention. À ce niveau, les interventions sont individualisées, intensives, spécialisées, multisystémiques. De plus, elles requièrent un plan d’intervention (PI) et un plan de services (PS). C’est que les interventions à réaliser impliquent généralement le recours à des services multiples (l’orthopédagogue, le psychologue, le psychoéducateur, le travailleur social, le pédopsychiatre, l’éducateur spécialisé, etc.), afin d’intervenir sur les plans individuel, familial et scolaire, car les troubles comportementaux de ces élèves sont graves et persistants.

Il importe de mentionner que le modèle RAI est utile pour gérer les interventions comportementales, mais il est également utilisé pour intervenir auprès des élèves ayant des difficultés d’apprentissage. Le modèle RAI est une véritable mesure de différenciation, fondée sur des données probantes, qui s’applique tant sur le plan comportemental que sur celui des apprentissages!

Écoutez le professeur Steve Bissonnette vous expliquer plus en détail le modèle RAI.

Steve Bissonnette, professeur de l’Université TÉLUQ [7 min 46 s]

Le modèle de réponse à l’intervention est aussi applicable à l’enseignement à distance. Ainsi, 80 % des élèves évolueront adéquatement dans le cadre pédagogique qui sera fourni, 15 % auront besoin d’un encadrement plus serré et 5 % nécessiteront un suivi personnalisé ou de l’aide de la part d’un professionnel non enseignant. La clé est de savoir différencier et adapter nos interventions pédagogiques selon ces besoins.

IMPORTANT!

Pour que les intervenants puissent venir en aide efficacement aux élèves qui nécessitent un suivi spécialisé, il faut que les interventions des niveaux 1 et 2 aient été mises en place efficacement pour la majorité des élèves.

À l’action!

Adaptez vos règles et la routine que vous avez établie afin de prévenir les comportements inadéquats et les situations qui créent des malaises.

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