Créer une relation positive favorable aux interactions
Moi, j’ai des élèves qui se déplacent pendant les rencontres et nous donnent le vertige!
Une élève a pris le contrôle de la souris. Elle ferme et ouvre les micros. Comment faire pour régler cette situation?
De toutes les interventions préventives possibles, la plus importante est celle qui consiste à établir des relations positives avec les élèves. À ce sujet, une synthèse de plus de 100 recherches, réalisée en 2003 par Robert Marzano, a révélé que la qualité des relations maître-élèves est l’élément le plus important en matière de gestion de classe. Cette section vous permettra de découvrir comment y parvenir.
Entretenir des attentes élevées envers tous vos élèves
La première stratégie que nous proposons de mettre en œuvre pour établir des relations positives avec le groupe d’élèves est celle d’entretenir des attentes élevées envers tous vos élèves. Entretenir des attentes élevées envers tous les élèves consiste essentiellement à croire à l’éducabilité des enfants et à le leur manifester par nos gestes et nos paroles. Mais doit-on entretenir des attentes élevées même envers un groupe d’élèves difficiles? Pour répondre à cette question, lisez l’histoire suivante.
« Un jeune enseignant fut appelé à occuper un poste au secondaire avec le groupe le plus difficile. Comme à l’habitude, le directeur lui remit tous les papiers d’usage concernant sa classe.
« Les semaines passèrent et on n’entendit pas parler de cette classe, ce qui fut surprenant compte tenu du peu d’expérience de l’enseignant et de la composition du groupe. Au mois de novembre, lors de la remise du bulletin, la direction fut surprise de constater que la moyenne du groupe était excellente. Les commentaires sur les problèmes disciplinaires étaient très rares.
« La direction rencontra l’enseignant pour le féliciter et connaître son secret. L’enseignant lui répondit qu’il n’avait aucun mérite compte tenu du fort quotient intellectuel de ses élèves et qu’au contraire, il travaillerait à ce que les résultats soient encore plus forts.
« La direction demanda alors à l’enseignant comment il avait pris connaissance des quotients intellectuels de ces élèves. Ce dernier répondit que parmi les documents reçus en début d’année, un d’entre eux indiquait le niveau d’intelligence de ses élèves. Il ajouta qu’il leur répétait souvent qu’ils étaient brillants et qu’il était choyé de commencer sa carrière avec des élèves aussi doués.
« Le directeur demanda à voir ce document. Cette liste n’indiquait pas les quotients intellectuels, mais bien les numéros de casier des élèves! Les attentes de l’enseignant, basées sur une fausse information, avaient créé une situation, une prophétie positive qui s’était réalisée d’elle-même. »
Source : Royer, É. (2005). Comme un caméléon sur jupe écossaise. Québec, QC : Corporation École et Comportement, p. 112-114.
Le langage constitue le véhicule le plus puissant pour montrer aux élèves que nous entretenons des attentes élevées envers eux. Quels mots doit-on alors employer lorsqu’on leur présente une activité ou une tâche à réaliser? Plutôt que de présenter les tâches scolaires aux élèves en les qualifiant de faciles ou de difficiles, il faut plutôt mentionner qu’il leur est possible de les réussir en fournissant les efforts nécessaires et en utilisant des stratégies appropriées, stratégies ayant été présentées par l’enseignant au préalable. À ce sujet, imaginez qu’un élève échoue une tâche qualifiée de facile par son enseignant! L’élève se dira probablement qu’il est peu ou pas intelligent, car il a été incapable de réussir une tâche facile. Inversement, où est le mérite d’avoir réussi une tâche facile? Il n’y en a aucun puisque la tâche est facile, par conséquent, il est normal de la réussir! Dans un tel contexte, l’élève se dit : « Je dois – et non je peux – réussir la tâche, car madame a dit qu’elle était facile ». Dans une telle situation, il n’y a aucune place à l’erreur pour l’élève!
Ainsi, la réussite (R) d’une tâche ou d’une activité est tributaire des efforts (E) déployés par l’élève et des stratégies qu’il a utilisées (S), stratégies ayant été montrées au préalable par l’enseignant. Le rôle de l’élève est de fournir l’effort; l’effort étant défini de la façon suivante : « agir, et ce malgré le déplaisir ». Le rôle de l’enseignant est de montrer les stratégies nécessaires pour réaliser les tâches. Toutefois, il s’avère inopportun de demander à un élève de faire l’effort (E) de réaliser une activité si celui-ci ne connait pas les stratégies (S) nécessaires à sa réalisation. Inversement, l’enseignant peut demander à l’élève de fournir un effort pour effectuer une tâche, car les stratégies utiles à sa réalisation lui ont été montrées. Non seulement est-il important pour l’enseignant de dire aux élèves, lors de la présentation d’une tâche, que celle-ci peut être complétée en fournissant les efforts nécessaires et en utilisant les stratégies appropriées, mais il convient également d’objectiver la tâche effectuée. Si l’élève a été en mesure de faire correctement l’activité proposée, il importe que celui-ci conscientise les efforts qu’il a déployés et les stratégies qu’il a utilisées.
Pour y parvenir, l’enseignant peut lui demander d’expliquer sa réussite et insister sur la formule R = E × S. Cependant, si l’activité n’a pas été complétée ou réussie, l’enseignant peut questionner l’élève sur les efforts déployés ou non et sur le recours ou non aux stratégies. Ainsi, l’élève ne se questionne plus sur son intelligence, il s’interroge plutôt sur ses efforts et ses stratégies, contribuant ainsi au développement d’un sentiment d’efficacité personnelle positif (SEP). Le SEP peut être défini comme la croyance de l’élève en sa capacité d’organiser et d’exécuter les actions requises pour atteindre les objectifs fixés et produire les résultats recherchés dans la tâche. Faut-il rappeler que le SEP est le facteur qui a le plus d’impact sur la motivation scolaire des élèves (Bouffard, 2004)?
D’autres stratégies peuvent également contribuer à l’établissement d’une relation enseignant-élève positive. Pour en savoir plus, consultez le menu déroulant suivant.
- Interpeller les élèves.
- Poser des questions.
- Être souriant et accueillant.
- Utiliser un ton de voix rassurant.
- Être à l’écoute et empathique envers eux.
- Manifester de l’intérêt, en particulier pour ceux vulnérables.
- Utiliser l’humour et non le sarcasme.
- Souligner les bons comportements.
De plus, il faut être conscient que l’enseignant représente un modèle pour les élèves, et ce, par les paroles et les gestes qu’il adopte lorsqu’il interagit avec eux.
Intervenir efficacement en mode synchrone : conseils pratiques
Lors de rencontres ou de visioconférences, la communication synchrone apporte son lot de défis. Certains participants peuvent notamment éprouver des difficultés techniques, d’autres risquent d’oublier d’ouvrir leur caméra, d’autres encore ne ferment pas leur micro lorsque l’animateur parle, etc. Une rencontre synchrone avec un groupe d’élèves représente donc assurément un beau défi de gestion de classe.
Il serait toutefois désolant de mettre ce type de rencontre de côté en raison de ces contraintes.
Pour que la communication synchrone par visioconférence soit efficace et réponde aux objectifs visés, il est primordial d’enseigner explicitement à tous les participants les comportements à adopter. Découvrez nos suggestions en parcourant le schéma interactif qui suit.
Intervenir efficacement en mode asynchrone : conseils pratiques
Nous avons vu précédemment que plusieurs interventions avec la classe en mode synchrone peuvent rendre plus efficace le déroulement des activités en visioconférence. Dans la vidéo qui suit, Édith nous explique les différentes activités d’encadrement en mode asynchrone permettant d’améliorer la qualité des relations entre vous et vos élèves.
Édith Jolicoeur, conseillère en pédagogie et technopédagogie [1 min 25 s]
Intervenir au cours des cinq phases de l’encadrement en formation à distance
Toute formation à distance, qu’elle soit sous une forme synchrone, asynchrone ou hybride, comprend cinq grandes phases qui vous sont présentées dans le tableau ci-dessous. Vous remarquerez qu’aucune durée n’est prescrite pour ces différentes phases : le temps sera plutôt adapté aux besoins des élèves.
Phase 1 | Phase 2 | Phase 3 | Phase 4 | Phase 5 |
---|---|---|---|---|
Accueil | Organisation | Ajustement et motivation | Soutien | Terminaison |
Chacune des phases et leurs formes d’encadrement sont décrites ci-dessous. Pour en savoir plus, cliquez sur les bandes déroulantes.
Cette phase est cruciale afin de déterminer l’implication des élèves. Tel que mentionné dans le premier module, le premier contact est important et peut faire une grande différence. L’élève doit se sentir interpellé pour participer aux activités proposées.
- Être proactif : par exemple, si après trois jours, un élève ne s’est pas connecté à la plateforme d’enseignement à distance, il faut entrer en communication avec lui afin de comprendre les raisons de son absence;
- Prendre le temps d’expliquer le fonctionnement de la plateforme choisie et ses modalités d’utilisation;
- Expliquer et expliciter votre fonctionnement, vos disponibilités et vos exigences.
Il faut garder en tête que les élèves doivent s’approprier la plateforme d’enseignement choisie. Ils doivent ainsi se familiariser avec les outils proposés. Que l’enseignement soit synchrone ou asynchrone, il faut leur laisser le temps de bien comprendre le fonctionnement et les modalités d’utilisation de la plateforme d’enseignement à distance.
À garder en tête…
Il faut :
- Être disponible et répondre rapidement aux questions des élèves sur le contenu de votre cours, sur la démarche prévue, les exigences exprimées, etc.
- Être proactif et réactif (voir le module 1 pour plus de détails).
Il faut éviter que les élèves se retrouvent sans consigne ou laissés à eux-mêmes. Ils doivent sentir la présence de l’enseignant, et ce, malgré la distance physique qui les sépare de lui. Une fois que les élèves se sont approprié les outils proposés, il reste à s’assurer que leur progression respecte les objectifs du cours.
À garder en tête…
Il faut :
- Planifier une rencontre virtuelle pour faire le point avec tout le groupe, avec un sous-groupe d’élèves ou individuellement;
- Être proactif, c’est-à-dire relancer les élèves qui semblent progresser plus difficilement.
Une fois que les routines d’enseignement sont bien installées, les élèves connaissent alors le fonctionnement et l’encadrement relatifs à leur classe virtuelle. Dès lors, il suffit de vérifier s’ils respectent les échéanciers établis.
À garder en tête…
Il faut :
- Mettre l’accent sur le plan socioaffectif (voir le module 2 pour plus de détails);
- Assurer un encadrement pédagogique;
- Mettre en place le modèle RAI (voir la section « Cibler les principaux défis pouvant survenir » dans le présent module).
Il s'agit ici de clore le cours. Une rencontre virtuelle pour conclure avec tous les élèves peut s’avérer intéressante.
À mettre en œuvre…
Il faut :
- Solliciter une rétroaction de la part des élèves à propos du déroulement du cours, de l’enseignement reçu et des apprentissages réalisés;
- S’ouvrir aux commentaires des élèves.
Aucune durée n’est prescrite pour chacune des phases. Cependant, le schéma ci-dessous constitue un exemple de la répartition du temps dans chacune des phases pour un cours de 15 semaines.
Pendant la majeure partie du cours, les phases 3 et 4 peuvent se chevaucher de manière itérative.
Source : Adaptation de FADIO. (2020). Formation L’encadrement des apprenants en FAD.